Blaise Martineau

Couverture du livre Ô femme, être parfait

Ô femme, être parfait

par Charles, l’écrivain des Gémeaux

Ô Femme, Être parfait, de Charles, l’écrivain des Gémeaux, se présente comme un chant continu. L’auteur y déploie une prose poétique qui se situe entre la confession et la prière, entre l’ode et le cri. Ce n’est pas un recueil qui se lit d’une traite comme un roman : c’est une suite d’élans, de confidences, d’images et d’interpellations qui cherchent à redonner à la femme la place qu’on lui a volée trop longtemps. On y entend la voix d’un homme qui regarde l’histoire, la sienne comme celle des autres, et qui se met au service d’une cause : célébrer la femme, reconnaître ses blessures, réparer par les mots ce que les gestes n’ont pas toujours su protéger.

La première impression qui se dégage, c’est la ferveur. Le texte est traversé par une énergie presque incantatoire. Les « Ô Femme » répétés prennent la force d’un refrain. À travers eux, l’auteur dresse une liturgie moderne, une prière laïque. La femme y devient étoile, mère, amante, Graal, mais surtout force universelle, principe de vie et d’équilibre. On sent une volonté profonde de sortir du cliché ou de la banalité pour atteindre une forme de grandeur. L’intention est claire : rétablir un hommage, faire entendre une voix qui reconnaît enfin la valeur de celles qu’on a tant réduites au silence.

Il y a des pages particulièrement fortes. Quand l’auteur se fait plus sobre, quand il ose ralentir le flot et laisser respirer ses images, l’émotion surgit avec éclat. On pense à ces passages où le texte ressemble à une confidence murmurée, presque intime, et qui touche d’autant plus qu’il se retient. Là, le lecteur sent battre un cœur sincère. Et cette sincérité est peut-être la plus grande force du livre : elle ne triche pas. Même dans ses excès, elle demeure entière, loyale à son sujet.

Mais le livre n’est pas sans fragilités. L’accumulation des images, des métaphores et des exclamations peut parfois saturer. Trop d’élan finit par étouffer la respiration du lecteur. À certains endroits, on aimerait que l’auteur pose sa plume, qu’il accorde un silence, qu’il laisse au lecteur le temps de goûter à une seule image au lieu d’en recevoir dix d’un coup. Le récit gagnerait à varier davantage ses rythmes, à alterner les grandes envolées et les moments de simplicité. Cette respiration donnerait encore plus de relief aux passages les plus réussis.

On peut dire la même chose de la dénonciation des injustices faites aux femmes. Le propos est juste, la colère légitime, et elle trouve une puissance d’autant plus forte qu’elle vient d’un homme qui reconnaît la responsabilité des siens. Mais à force d’insister avec une intensité presque ininterrompue, le risque est que certains lecteurs décrochent. Tout comme en musique, un cri permanent finit par perdre de son impact. Le texte aurait gagné à offrir, ici et là, quelques nuances supplémentaires : la colère y serait apparue encore plus vraie, encore plus percutante.

Reste qu’il faut saluer l’audace de la forme. Ni roman, ni recueil de poésie au sens strict, ce livre trace sa propre voie. Il invente une langue hybride, entre prose et poésie, où chaque chapitre ressemble à une lettre, à une déclaration ou à une prière. Ce choix peut dérouter : certains y verront un manque de structure, d’autres applaudiront cette liberté. Mais dans tous les cas, on ne peut nier l’originalité de la démarche. Elle reflète bien l’auteur : un écrivain habité, qui n’écrit pas pour plaire mais pour dire, quitte à heurter, quitte à déborder.

La conclusion est claire : Ô Femme, Être parfait est une œuvre généreuse, brûlante d’amour et de gratitude. Elle n’a pas peur d’exagérer, elle préfère donner trop que pas assez. Et c’est peut-être cela, son vrai charme. Dans ses pages, la femme retrouve un espace où sa dignité est proclamée, où ses blessures sont reconnues, et où son rôle essentiel dans l’histoire humaine est affirmé avec force. Si certaines maladresses formelles ou certains excès peuvent freiner la lecture, ils ne suffisent pas à éclipser l’essentiel : la ferveur sincère d’un auteur qui, par la littérature, veut redonner voix à celles qu’on a tant fait taire.

En refermant le livre, on garde le sentiment d’avoir assisté à un long chant d’amour, imparfait parfois, mais profondément humain. Et c’est ce souffle, au-delà de la forme, qui restera dans la mémoire du lecteur.

À propos de ma démarche

Je suis Blaise Martineau, critique littéraire passionné par les chemins multiples qu’emprunte l’écriture. Mon regard se déploie aussi bien sur l’essai philosophique que sur les romans de fiction, de la science-fiction la plus visionnaire aux drames les plus intimes.

J’ai un intérêt marqué pour les récits où s’affirment des figures féminines fortes, ainsi que pour tout ce qui touche au féminisme et aux luttes d’émancipation. Ce qui m’attire avant tout, c’est l’exploration des fragilités humaines, de nos contradictions, de cette imperfection qui nous rend profondément vivants.

Si vous êtes autrice ou auteur et que vous souhaitez un regard attentif, sensible et rigoureux porté sur votre œuvre, je serai heureux de découvrir votre univers et de le partager à travers mes critiques.

Ex Spiritu : Ce pseudonyme, qui signifie « de l’esprit » en latin, est au cœur de ma démarche. Une œuvre littéraire n'est pas qu'une simple structure de mots ; elle est une manifestation de l'esprit, une conscience qui prend forme. Ma critique se veut donc une lecture qui va au-delà de la surface pour dialoguer avec cette essence, pour sonder l'intention, l'émotion et la pensée qui animent le texte. C'est une tentative de capter le souffle de l'œuvre, son esprit vivant.